Etude de l’influence de la localisation des cultures sur la perception des consommateurs et les rendements agricoles

CARTHAGE / Contribution de l'air dans les risques et transferts associés aux HAP en agricultures urbaines : gestion et évaluation


Description

Les polluants d’origine anthropique émis et présents dans l’atmosphère peuvent provoquer, à des degrés divers, des troubles respiratoires, des maladies cardiovasculaires, voire des cancers. Ils peuvent également avoir des impacts sur l’environnement, et notamment sur la végétation. Au-delà des conséquences probables sur le rendement des cultures, la qualité sanitaire des végétaux destinés à l’alimentation peut être également remise en cause.
Les formes de végétalisation à visée entre autres alimentaire augmentent en France et se diversifient dans les villes, via des systèmes d’agriculture urbaine aux formes variées (à ciel ouvert, sous serre, en pleine terre, sur les toits, etc.). Au regard de cet essor, et des faibles données existantes de la littérature, il importe de connaître les enjeux sanitaires associés à la culture de végétaux en milieu urbain et péri-urbain. Les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP), présents dans l’atmosphère à la fois sous forme gazeuse et particulaire, sont reconnus comme des traceurs d’intérêt de la qualité de l’air en milieu urbain. En effet, les principales sources d’émissions, liées notamment à des processus de combustion incomplète, sont le chauffage résidentiel et le trafic routier, très présents dans les zones à forte densité de population.

Le projet CARTHAGE (2018-2023) piloté par l’Ineris en collaboration avec AgroParisTech Innovation et Inrae, avait pour objet d’évaluer, via la mise en place de différentes modalités d’expérimentations en conditions réelles sur trois micro-fermes urbaines en Ile-de-France :

  • la contribution de la pollution atmosphérique à la contamination des végétaux en HAP, en distinguant les différents mécanismes de transferts tels que les transferts foliaire et racinaire ;
  • l’influence de la typologie de l’environnement sur les rendements agricoles et la perception des consommateurs ;
  • l’exposition et les risques sanitaires liés aux HAP pour les travailleurs et les usagers des micro-fermes urbaines ainsi que pour les consommateurs des végétaux cultivés.

Le projet a permis de caractériser et de documenter les teneurs en HAP, jusqu’ici peu étudiées dans un contexte urbain, dans plusieurs matrices telles que les sols superficiels, les végétaux potagers, l’air et les retombées atmosphériques, au droit des sites agricoles étudiés. Les données sur les transferts des HAP vers les végétaux en milieu urbain ont été acquises selon 4 modalités de culture : pleine terre, sous serre, revêtement du sol via un géotextile et culture hors-sol avec une terre moins contaminée en HAP.

Ce projet a mis en évidence que la pollution atmosphérique urbaine ne constitue pas un obstacle au développement des pratiques agricoles en zone urbaine, par rapport à la qualité initiale des sols. Les pratiques d’épluchage et de lavage réduisent les niveaux en HAP dans les végétaux potagers et par conséquence les expositions. Quelques mesures de gestion sont proposées afin de prévenir ou de réduire l’exposition et les risques associés à la présence des HAP en milieu urbain.

Ce dernier point se traduit, pour les micro-fermes pilotes, par l’intégration des données produites au Plan de Maitrise Sanitaire (PMS) d’ores et déjà existant pour les Eléments Traces Métalliques (ETM) grâce au projet REFUGE (Risques En Fermes Urbaines : Gestion et Evaluation). Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une démarche à l'interface entre les Sciences et la Société. Faisant appel
à la recherche participative, il s’appuie sur un ensemble d’acteurs de terrain d’ores et déjà présents autour des micro-fermes urbaines. Les recommandations issues de ce projet bénéficient directement à ces derniers, mais aussi plus largement à d’autres porteurs de projet en agriculture urbaine et à des décideurs publics.

Quelques chiffres clés concernant le projet CARTHAGE :

  • 4 végétaux cultivés (salade, carotte, courgette, persil) ;
  • 4 modalités de culture (pleine terre, sous serre, revêtement du sol via un géotextile et culture hors-sol avec une terre moins contaminée en HAP) ;
  • 3 modalités de préparation (lavage, épluchage, cuisson à la vapeur) ;
  • 18 à 24 HAP mesurés dans les milieux : sol, air, eau, végétaux ;
  • Plus de 400 échantillons analysés en HAP, toutes matrices confondues (sol, air, dépôts atmosphériques, eau, végétaux) ;
  • 76 facteurs de bioconcentration déterminés expérimentalement (48 pour le transfert sol-plante et 28 pour le transfert air-plante).
     

Documents associés

  • Identification et sélection des micro-fermes urbaines pilotes

  • Résultats expérimentaux des cultures potagères menées sur 3 micro-fermes urbaines franciliennes

  • Evaluation des transferts des HAP vers les végétaux potagers - contribution sol/air et modélisation

  • Evaluation des expositions et des risques pour les usagers des sites d’agriculture urbaine

  • Note de synthèse du projet CARTHAGE et recommandations