Transition énergétique et qualité de l’air

La transition énergétique engagée par les pouvoirs publics vise à définir un nouveau modèle énergétique, qui implique à la fois d’adapter les territoires à des modes de fonctionnement moins énergivores, mais aussi de favoriser la production d’énergie propre et au plus près des consommateurs.
AdobeStock_114738135_3.jpeg

L’Ineris évalue les risques liés aux nouveaux et futurs systèmes industriels mettant en œuvre des technologies nouvelles de production, de distribution et de stockage d’énergie de diverses capacités. Il s’appuie d’une part sur sa connaissance historique des phénomènes dangereux pour les appliquer aux nouvelles filières énergétiques (biocarburants, hydrogène, systèmes de stockage électrochimiques…) ; et d’autre part sur son expérience concernant la connaissance et l’évaluation des impacts sur l’environnement.

Il met ainsi son expertise au service des industriels pour les accompagner, en amont, dans la sécurisation de ces filières dans le cadre de prestations, de programmes de recherche partenariale ou de certification volontaire de produits.

L’Ineris mène de nombreux travaux sur l’identification précoce et l’évaluation des risques liés au déploiement de nouvelles sources ou vecteurs d’énergie pouvant être moins émissifs en polluants. C’est le cas par exemple de l’hydrogène.

Ainsi, l’hydrogène bas carbone, qui est envisagé comme une brique essentielle de la lutte contre le changement climatique, est aussi un moyen d’améliorer la qualité de l’air. En effet, qu’il soit utilisé directement comme combustible ou converti en électricité (à l’aide d’une pile à combustible), l’hydrogène ne produit que de l’eau. Dans le cas d’une combustion directe, une filtration post-combustion est toutefois nécessaire pour éviter l’émission d’oxydes d’azote. Une motorisation à l’hydrogène des véhicules terrestres (voitures, camions, bus, bennes à ordures ménages) mais aussi des bateaux, trains ou avions, est donc une voie potentiellement intéressante pour limiter les rejets de particules fines et d’oxydes d’azote.

> En savoir + : Plan de déploiement de l’hydrogène pour la transition énergétique : l'Ineris travaille sur la sécurité liée à l'usage de l'hydrogène

Un guide pour une méthanisation agricole propre, sûre et durable

Rédigé par l’Ineris à la demande du ministère chargé de l’environnement, et destiné aux exploitants agricoles, concepteurs, et inspecteurs des installations classées, ce guide de bonnes pratiques est le point d’orgue d’un important travail faisant appel à différentes compétences de l’Institut.
Pour ce faire, de 2014 à 2016, l’Ineris a rendu visite à des exploitants afin d’une part de recueillir des informations sur les difficultés rencontrées dans l’application de la réglementation environnementale et dans la maîtrise des risques ; et d’autre part, leur apporter des réponses techniques et un éclairage autour de la sécurité et des impacts environnementaux.
Le guide, qui propose dix fiches de bonnes pratiques et des informations concrètes, a été remis en mars 2017 au groupe de travail méthanisation mis en place par le ministère.
Ce groupe réfléchit aux conditions de déploiement de la filière méthanisation agricole dans le cadre de la politique de transition énergétique. Cette filière a pris son envol depuis une dizaine d’années et compte aujourd’hui 529 installations. L’Ineris accompagne le ministère afin d’identifier les risques et les émissions qu’elle est susceptible de générer.
Ce guide vise à inciter les exploitants à prendre conscience des aspects   environnementaux, mais aussi à être plus exigeants en termes de sécurité. C’est un document phare qui a vocation à devenir un outil de référence et un support d’échanges pour la profession autour de la sécurité et de la maîtrise des émissions gazeuses et des rejets aqueux.

> En savoir +  : le guide Vers une méthanisation propre, sûre et durable - Recueil de bonnes pratiques en méthanisation agricole

Les enseignements du passé sur l’efficacité des mesures de réduction des émissions : reconstruction de l’évolution de la qualité de l’air en Europe sur la période 1990-2010 dans le projet Eurodelta-Trends

La gestion de la qualité de l’air a nécessité dès la deuxième moitié du XXe siècle de définir des stratégies de réduction d’émissions et de se doter d’outils de surveillance de l’atmosphère pour évaluer leur efficacité.

En 1979, la Convention sur le transport de la pollution atmosphérique à longue distance fut instaurée sous l’égide de la Commission économique pour l’Europe des Nations unies (CLRTAP1) sur cette base. Des outils scientifiques d’observation et de modélisation de la qualité de l’air ont été développés pour évaluer leurs effets. Ils ont été et demeurent mis en œuvre dans le cadre du programme EMEP (European Monitoring and Evaluation Programme) de la convention.

La France préside depuis 2014 le programme EMEP (présidence assurée par l’Ineris de même que la co-présidence de la « Task Force » sur la mesure et la modélisation.

En 2019-2020 cette task forcea initié une série de travaux sur l’évaluation rétrospective de la qualité de l’air sur la période 1990-2010.
L’une des approches a consisté à travailler à l’aide de modèles numériques pour reproduire les tendances passées. Le projet Eurodelta-Trends a, pour ce faire, impliqué huit des principales équipes de modélisation européennes. Cet exercice d’une ambition sans précédent avait un objectif triple :

  • évaluer les capacités des modèles à reproduire l’évolution récente de la qualité de l’air en Europe,
  • quantifier la contribution respective des principaux facteurs (météorologie, émissions européennes et non européennes),
  • quantifier l’évolution à long terme des impacts de la pollution atmosphérique en termes de retombées eutrophisantes et acidifiantes, d’impacts sanitaires, et de rendements agricoles.

La maturité des modèles actuels, dont le modèle CHIMERE, co-développé par l’Ineris et le CNRS, pour reproduire les tendances passées a été mise en évidence. Les études d’attribution ont permis de montrer que les réductions d’émissions européennes constituent bien le levier principal pour l’amélioration de la qualité de l’air sur le continent et que les effets positifs de ces mesures ont pu être démontrés et quantifiés. Ainsi, les tendances modélisées indiquent que la mortalité prématurée déduite des relations dose effet sur la pollution aurait presque été divisée par deux en Europe entre 1990 et 2010.